Les Chroniques de...

Il y de cela très, très longtemps, arriva ce que les prophètes appellent l’Apocalypse. Une guerre terrible éclata, comme il n’y en avait jamais en auparavant : le monde entier fut concerné. Les mortels tout comme les dieux eux-mêmes. Deux grands camps s’affrontèrent alors : d’un côté, il y avait des humains, combattant aux côtés d’elfes et de nains, mais aussi de gnomes, qui apportèrent leur technologie avancée, et même des halfelins, qui quittèrent leurs tanières pour défendre leur avenir. On appela cette alliance celle « des Justes », en honneur à Tyr, dieu de la justice anéanti en mettant fin au conflit. A la surprise de tous, des Drows se joignirent à ce camp, et défendirent la cause des justes, au péril de leur vies, et affrontant leurs semblables. L’Histoire se souvient d’eux comme les élus de la Vierge Noire. De nombreux dieux, malgré leurs différends, s’allièrent aussi et soutinrent les mortels de ce camp.

De l’autre côté, des humains avides de pouvoir, des orques, des gobelinoïdes de toute taille, des ogres et même des créatures des profondeurs de l’Outreterre combattirent au nom d’un seul dieu : craint par tous, ses ennemis comme ses fidèles, par les mortels comme par ses semblables, Baine, le Dieu de la Tyrannie, avait décidé que le moment était venu d’accomplir son plus grand désir et son unique rêve : dominer le monde en sa totalité. Il y eut même des armées entières de Diables, des créatures venues d’un autre monde afin de servir Le Seigneur Noir.

Les batailles ont duré des années, et le monde fut bouleversé à jamais. De nombreux dieux disparurent durant cette guerre. Lors de l’affrontement final, Baine fut confronté à son ennemi juré, Torm, dit Le Véritable, et le détruisit. Ce fut Tyr, le Juste, qui vengea Torm au prix de son existence. Le Seigneur des Ténèbres fut anéanti, et son âme fut emprisonnée pour l’éternité. La légende dit qu’elle est retenue au cœur d’une île introuvable, gardée par les Rois Immortels : l’île d’Avalon.

4 Avril de l'an 988, troisième ère:

Je me trouve toujours sur le Borda, qui s'apprête à partir de Port Bleu, sur l'île de Mehmon. Il fait beau aujours'hui, et la mer est tranquille.
De nombreux jeunes aventuriers, pleins de rêve, sont monté à bord ce matin. Moi aussi, j'étais comme eux, dix ans plus tôt. Les voir me rappelle bien des souvenirs... Le capitaine ne dit toujours pas un mot. Heureusement, le Lieutenant Draut est plus bavard et chaleureux. Il accueuille les nouveaux les bras ouverts, comme d'habitude.
Il y a, parmi ces jeunes, certains qui attirent mon attention. Par exemple, deux combattants, blonds, frère et soeur. Le frère semble combiner le combat avec l'Art, et le voir avec batôn à la main et épée au dos est plutôt original. La soeur, quant à elle, est tout à fait remarquable. Je ne l'ai pas encore vu se battre, mais son regard m'indique qu'elle sait se servir de sa lame. Ce qui ne l'empêche pas d'être charmante.
Un autre duo fraternel monte à bord : deux grands guerriers roux, ils ne semblent pas originaires de la région. L'un d'entre eux porte une hache, et fait une tête de plus que la plupart des hommes. L'autre semble plus conventionnel, si ce n'est la louve qui l'accompagne, docile comme un chien, et étrangement douée de parole.
La plus étonnante personne à bord reste la plus jeune, une gamine de 16 années à peine, équipée d'un grimoire en écailles de dragon rouge, et avec un corbeau pour familier. Du jamais vu...
J'ai aussi remarqué la présence d'un lanceur de couteaux, ainsi que de deux personnes très discrètes, un jeune tieffelin (on en voit de plus en plus, de nos jours) et un humain à la peau pâle, et peu bavard. Un point commun semble réunir ses deux personnes, tous deux sont des dessinateurs fort doués.

J'ai organisé un tournoi amical, dans la journée, afin de rentre le trajet moins long, et profitant du beau temps. Ceci m'a permis de mieux connaître ceux qui ont attiré mon attention ce matin.
Les deux guerriers roux s'appellent Balmung et Sergei Ulfsark. Ils n'ont rien dit sur leurs origines, mais leur nom m'évoque ceux des tribus nordiques du Whalmon. Contrairement à ce que je croyais, ils sont cousins. Les deux blonds sont par contre vraiment frère et soeur : Edward et Lydia Feracier. Ce nom n'est pas inconnu, dans la région, il s'agit de la plus prestigieuse famille de forgerons de l'île, et sont même reconnus sur une partie du continent.
Ces quatre combattants sont tous beaux et forts, mais le plus exemplaire reste Lydia, qui est restée invaincue au tournoi. Sa technique familiale est spectaculaire ! Je frissonne en imaginant cette jeune fille en action dans un an ou deux... Eros, mon dieu, je crois que je suis encore tombé amoureux !

J'ai parlé aux deux jeunes discrets en tête à tête, et suis surpris de leur talent. Le jeune tieffelin, nommé Valmar, a accepté de me vendre son meilleur croquis. Hermès, le deuxième, me fait attendre demain. Il va certainement en faire une copie...
Je croyais ces deux artistes peu bavards, mais, à vrai dire, Hermès est quasiment muet !
Je n'ai pas pu aborder le lanceur de couteaux.